mardi 9 novembre 2010

Cheminement d’une personne du Troisième âge pour faire le Tour d’Europe du Sud en Vélo en 80 jours
Pour les photos voir les blogs ci-dessous
- trouver ton chemin,
- le détail de ton itinéraire,
- trouver des hébergements,
- avoir des renseignements météo,
- pour pas te faire voler vélo et remorque,

Peut être le début d’un livre…..d’un essai ou un test, peut-être que c’est sans intérêt ? mais je voudrais y associer tous les Amis qui m’ont accompagné par leurs commentaires sur internet. Ce fut le carburant de ma motivation !


J’ai eu l’impression d’avoir quatre vies dans mon existence.
1. l’enfance et l’adolescence 20 ans
2. Mon métier de Footballeur : 20 ans
3. Mon métier de commerçant dans l’article de sport : presque 20ans
4. La retraite pour l’instant 12 ans…pourquoi pas 20ans ? mais ce n’est pas la solution pour le régime des retraites !
Premiere partie : Ma première vie
Mon enfance et Adolescence.

A la mort de notre père, Lucien Mouilleron en Septembre 90, il nous légué sa maison de La Flotte en Ré, dont il avait lui-même hérité de notre Grand Mère Albertine Mouilleron veuve de guerre, son mari étant mort pour la France en 14-18. Mon Père fit ses études à Fénelon (La Rochelle) jusqu’à son Bac mais ne voulant pas rentrer dans les ordres comme ma Grand-mère le souhaitait il fut contraint de revenir à l’agriculture Rhétaise. Ses économies nous ont permis de rénover cette demeure et d’en faire une résidence familiale pour les sept enfants que nous sommes. Dans l’album familial que nous avons trouvé, il y avait des photos, que j’ai scannées pour les rentrer dans mon ordinateur et dans ces photos se baladait une carte postale de 1912 qu’avait écrit mon Grand Père paternel (Cécilien) lorsqu’il était militaire. C’est ce qui me donne l’idée de laisser une trace du passé à mes petits enfants Jules et Paul. Je pense que de laisser une trace de  cette vie atypique peut les intéresser, mais cette vie aurait pu être assez banale. Je pense avoir réussi ma vie en fonction des qualités et défauts que la nature m’a donnés, bien sûr j’aurais pu être intelligent, grand, beau, etc … Epictéte à dit "Ne veux (n’essaie) pas que ce qui arrive comme tu veux, mais veux ce qui arrive comme il arrive, et tu couleras des jours heureux. "  Antoine de  Saint-Exupéry  a dit également « si tu n’as pas ce que tu aimes, aimes ce que tu as ». Mon peu de disposition pour le travail scolaire aurait pu être catastrophique pour mon avenir mais comme je l’écrivais précédemment : On est pas responsable de ses qualités intellectuelles, caractérielles où physiques ? On peut les améliorer mais difficilement les changer fondamentalement ? Vaste débat.

Aux yeux des autres cette vie peut apparaître comme un échec matériel et sentimental, toujours est –il  que je l’ai traversée sans trop d’exigences avec le sport comme religion ce qui m’a donné beaucoup de bonheur. Cette recette peut paraître simpliste, mais laissons les philosophies plus élaborées aux intellectuels. Toutefois un regret : ne pas avoir assez fait plus pour les autres, mais pour me déculpabiliser je pense être l’humain basique et que se consacrer aux autres est un sacerdoce.

Nous sommes issus d’une famille Réthaise, mon Père avait fait des recherches généalogiques et il n’a jamais trouvé un membre de notre famille hors de l’Ile de Ré depuis plusieurs générations, ce n’est pas un titre de gloire, le  manque de communications de l’époque dans une ile et dans un milieu rural ne le permettait pas. Au début du XXe siècle la grande majorité des Rhétais n’avaient jamais foulé le continent, donc ils se mariaient entre eux. L’ensemble de la population subsistait de l’agriculture (Vignes, pommes de terre asperges) pas encore de l’ostréiculture, un peu des marais salants et très peu de la pêche sauf peut être à St Martin et à la Flotte où se situent les deux grands ports de l’Ile. Maman était originaire du Bois plage en Ré, ses parents étaient agriculteurs, mon grand Père avait créé une laiterie sans grand succès, il avait acquis au fil du temps pas mal de biens, toutes ses économies étaient investies dans la terre et la pierre. Sans être riches ils vivaient bien pour l’époque. Ils avaient pour voisins et Amis un couple de journalistes Parisiens qui avaient leur résidence secondaire sur l’Île, c’était les premiers estivants, ils s’étaient pris d’amitié pour Maman, et c’est ce qui lui avait permis de sortir de ce milieu agricole qui à cette époque n’était pas d’une grande richesse culturelle. Papa était de la Flotte, pupille de la Nation, mon grand Père étant mort pour la France en 14-18. Ma Grand-mère s’était réfugiée dans la religion pour devenir une bigote au point d’échanger sa maison pour habiter place de l’église, elle voulait que mon Père devienne Curé ! Refusant catégoriquement cette voie, elle le retira de Fénelon pour le mettre à l’agriculture dans une propriété familiale  ‘’ Coquereau’’ qui est devenue plus tard une colonie de vacances de Niort puis actuellement Maeva. Lors d’une traversée vers le continent sur un bateau qui à l’époque n’était pas le bac, ils allaient séparément à un congrès, ils se sont rencontrés pendant cette traversée et ce fut  le coup de foudre et trois mois plus tard ils se mariaient et eurent beaucoup d’enfants….sept. La rencontre de ma Mère avec sa belle mère est anecdotique : Lors d’une soirée arrosée, ma Mère malgré l’avis défavorable de son fiancé a voulu connaitre sa future belle mère, étant un peu éméchée, elle ne donna pas une impression favorable  à cette grande bigote, qui n’avait pas le sens de la fête et ce ne fut jamais le grand amour entre elles. Leurs trois premières années de mariage ont été couronnées de succès….trois filles en trois ans, Nicole, Jacqueline, Monique toutes au Bois Page en Ré à l’époque pas de maternité on accouchait chez les parents maternels. Le 3 Septembre 1939 faisant suite à l’invasion de la Pologne par les troupes Allemandes, la France et l’Angleterre  déclarent la guerre. Il faut attendre le mois de Mai 1940 pour la bataille de Sedan et la France est envahie par les troupes Allemandes. Mon Père  ne partit pas sur le front car pupille de la Nation et trois enfants en bas âge. Il fut tout de même mobilisé sur l’Ile de Ré pendant cette drôle de guerre. Ce qui explique ma naissance le 7 Juillet 1940 et toujours au bois plage en Ré chez mes Grands Parents. Ma petite enfance à La Flotte en Ré 1940-44  se passa sous l’occupation. L’Ile de Ré fut occupée par une nombreuse troupe Allemande, je pense que c’était un endroit stratégique, comme toute la côte Atlantique, il reste d’ailleurs beaucoup de vestiges du mur de l’Atlantique, notamment sur la plage de la conche aux Portes ; Zanuck y a tourné des scènes de débarquement du film ‘’le jour le plus long’’. Les occupants ont laissé des souvenirs atroces : La Gestapo, Klaus Barbie et consort. Mais ce ne fut pas toujours le cas, mes parents me racontèrent cette histoire : Un matin ma sœur  ainée   Nicole revenait de chercher du lait à vélo, car nous n’avions pas de vache à la ferme, un motard Allemand en voulant l’éviter se fracassa sur un pylône.

Les premiers souvenirs de ma vie sont un peu fugaces. Lorsqu’il y avait du monde à la ferme mon Père amenait les visiteurs au chai et leur offrait à boire et j’ai voulu copier cette coutume et un jour je suis allé boire à la barrique, j’ai dû trouver la piquette Rhétaise très bonne car ce fut ma première cuite, je suis rentré à la cuisine en ouvrant la porte avec ma tête complètement saoul. Je ne suis pas devenu alcoolique pour autant. Je ne buvais pas que du vin, j’ai toujours été gourmand de tout, bien sûr c’est un vilain défaut mais de le savoir ne m’a pas corrigé et je n’ai pas toujours eu les moyens de ma gourmandise. En 1942  j’ai eu une quatrième sœur de deux ans plus jeune que moi, Marie-France on se voulait patriotique à l’époque Vichyste : Travail, Famille, Patrie ! Ma Mère me demandait de tenir le biberon de ma sœur et malgré çà l’entendant hurler, elle me surprenait en train de lui voler son lait. Devant son courroux j’allais me réfugier sous les pattes du cheval, ce qui la calmait immédiatement. J’ai toujours été assez indépendant et dès mon plus jeune âge je partais de la ferme mes chaussures à la main vagabonder dans la campagne.

Blanzac

Devant les difficultés grandissantes de l’occupation dans cette région, mes Parents prirent la décision d’aller se réfugier à Blanzac en Charente, une petite commune prés de Matha où nous avions un cousin curé. Mon Père trouva une place de chauffeur chez un minotier. Nous allions à l’école à Matha à 3 kilomètres de notre habitation, nous prenions un train de marchandise le matin avec la complicité  d’un ami cheminot de mes Parents. Le soir nous revenions à pied avec mes trois sœurs, j’avais 4 ans c’était l’éducation à la dure, ce qui paraîtrait invraisemblable à l’époque actuelle. J’ai le souvenir d’un retour de l’école un soir dans la neige, il y avait des traces de sangliers, nous avions très peur, nous nous voyons déjà piétinés par ces fauves…ce ne fut pas le cas. Je garde également un souvenir de la libération de Matha, les Allemands fuyaient devant l’avance des troupes alliés et avaient évacué les lieux, la foule s’était rassemblée pour fêter sa libération, les drapeaux tricolores étaient de sortie et patatrac la rumeur enfle, les Allemands reviennent, affolement on enlève les drapeaux, une partie de la foule se disperse…c’était une fausse alerte.

La France libérée, mes parents n’ayant plus le goût de l’agriculture, envisagent de changer d’activité, ma mère se voit commerçante, mon Père transporteur, ma Mère s’y oppose prétextant qu’il serait trop souvent absent et qu’il n’y aurait plus de vie familiale. Ma Mère décide de tenter l’aventure commerciale. Ils vendent la ferme de La Flotte et achètent un multi-commerce aux Boucholeurs près de Chatelaillon : Epicerie, bar, Tabac, ils font même dancing le Samedi soir dans une petite salle des Fêtes  contiguë au commerce. Ce fut le début de la descente aux enfers.

Les débuts commerciaux de mes Parents se passèrent normalement, Maman faisait tourner l’affaire et Papa allait à la pêche !mais le gros problème était leur impossibilité de réguler les naissances, ce que nous ne regrettons pas puisque nous sommes tous encore sur cette terre après plusieurs décennies. Trois enfants après trois ans de mariage, un autre alors qu’on est en guerre alors que mon Père est mobilisé sur l’Ile de Ré, un autre enfant au milieu de la guerre  alors qu’il y a des problèmes de ravitaillement ; ils se lancent dans une nouvelle activité, plein d’ambitions et patatrac, maman est à nouveau enceinte, on ne peut pas dire qu’il ait vraiment assuré de ce côté. Maman non seulement est enceinte mais elle souffre de phlébites a une embolie pulmonaire donc dans l’impossibilité de travailler et de s’occuper de la famille car alitée pour plusieurs mois. Mes sœurs vont en pension, moi chez les grands Parents Maternels et la bonne s’occupe de la petite Marie France et du commerce et Papa va à la pêche. Evidemment l’affaire va au dépôt de bilan. C’est la catastrophe.

Une nouvelle aventure commence chez mes grands Parents. Je vais vivre un an et demi chez mes grands Parents Maternels, dans l’Ile de Ré au Bois plage, le temps que Maman  mette au monde Franck et se rétablisse.

Bien sûr pour un enfant, la sortie du contexte familial est difficile, même si c’est pour vivre avec ses grands parents, que dire alors des enfants qui vont à la DASS ? Et puis c’était en attendant une amélioration de la situation familiale. J’adorais mon Grand Père qui était un homme doux et bon, dans les moments difficiles et notamment dans mon tour d’Europe j’ai fait appel à lui….et j’avais l’impression qu’il me venait en aide, bien sûr c’est uniquement psychologique. Ma grand-mère se plaignait et me fâchait souvent, il faut dire que j’étais un enfant turbulent mais somme toute, il me reste beaucoup de bons souvenirs et les mauvais on a toujours tendance à les occulter c’est une question de tempérament, c’est bien connu pour certains la bouteille est à moitié vide pour d’autre à moitié pleine. Mes grands Parents étaient agriculteurs, ils cultivaient beaucoup de vignes, des pommes de terre, et quelques légumes. La vie n’était pas facile. A l’époque peu de voiture, bien sûr il y avait le petit train qui traversait l’Ile de Ré de bout en bout, mis en service en 1898, il disparut quelques années  après la guerre avec l’arrivée des autobus. Mon grand Père me racontait que la grande attraction avant la seconde guerre Mondiale était l’embarquement des  condamnés au bagne qui étaient envoyés vers la Nouvelle Calédonie et la Guyane, ils quittaient l’Ile  par le petit port situé derrière la citadelle, dans des barques pour prendre au large la ‘’Martinière’’ bateau qui était spécialisé pour l’évacuation des bagnards. Une grande partie de la population allait assister à ces départs, des bagnards célèbres sont passés, les Dreyfus, Sceznec, Papillon, etc…L’apprentissage de la vie  se faisait à la dur. La ferme des grands Parents étaient située au lieu dit le Roulant faisant parti du Bois plage mais à 3 kms de cette commune. Et je me rendais à l’école à pied  quelque soit le temps, j’avais 6 ans. Bien sûr pas de chauffage  à la ferme, si ce n’est le feu de cheminée dans la pièce à vivre et encore moins d’eau chaude. Je me souviens que mes grand Parents pour la première fois de ma jeune vie m’avaient emmené au cirque à Saint Martin situé à 4 kms de la ferme. Il avait attelé le bœuf à la charrette seul moyen de locomotion, il y avait toutefois un petit problème, c’était le passage obligé devant l’abattoir du boucher du Bois un certain M. Faucher et le Bœuf avait des difficultés à passer cet endroit maléfique, et il fallait descendre pour le tirer. Avec le même attelage nous allions sur la côte chercher le varech pour mettre aux pieds des vignes et on en profitait pour ramasser les seiches qui s’échouaient à l’époque personne ne voulait en manger, alors qu’actuellement c’est un plat prisé et couteux. Les modes changent avec les époques…Des moments difficiles pour moi : Il y avait l’apprentissage de la lecture avec le Grand Père qui coinçait mes jambes pour que je ne bouge pas et j’avais un mal fou à me concentrer, à l’époque actuelle on m’enverrait chez un psy pour mon hyper - activité. Un autre moment difficile était les vendanges, je mangeais tellement de raisins plus ou moins sulfatés que j’avais des coliques monstres. Lorsqu’on revenait  à la ferme, il fallait traverser la cour  pour aller aux WC et les poules étaient là en liberté et j’en avais une peur bleue et il fallait que je choisisse entre ces deux maux et c’était un cauchemar.

Mes premiers pas de Footballeur je les dois  à mon cousin Pierrot que j’adorais mais que deux femmes ont tout fait pour nous éloigner sa Mère et sa Femme qui ont toujours cherché à séparer nos familles. Pierrot était chez mes grands Parents lorsque sa Mère Cécile Bourget était malade. Il était mon aîné de quelques années et faute de mieux il m’entrainait dans ses parties de foot.

Retour au bercail

Ma Maman allait mieux, le commerce bradé, les Parents sans le sou. Mon Père passa un concours  pour devenir fonctionnaire territorial à la Mairie de La Rochelle. Ils ont donc déménagé pour aller habiter à Aytré petite commune à côté de La Rochelle. La bonne nouvelle fut que la famille fut réunie, mais mon Père avait un salaire de misère, les allocations familiales n’étant pas ce qu’elles sont actuellement, six enfants, mes Parents avaient d’énormes difficultés financières. Pour situer notre niveau économique : J’étais enfant de chœur et lorsqu’il y avait un mariage ou un baptême on me donnait la pièce et dès que je rentrais à la maison Maman les récupérait pour améliorer l’ordinaire. J’étais par ailleurs un bon joueur de billes et évidemment j’en gagnais pas mal, je me souviens en avoir vendu pour que Maman puisse acheter des légumes pour mettre dans le pot au feu. Mais malgré tout c’était le grand bonheur  de pouvoir à nouveau vivre avec la famille réunie.

Je n’ai pas encore de souvenir de football en tant que joueur, mais de spectateur, mon Père me montait sur son vélo et nous allions à La Rochelle (St Maurice) voir des matches de Division d’Honneur. Je rencontrais encore un demi-siècle plus tard un  bon bridgeur M. Renouvelle qui était un joueur de Foot de cette époque. Je m’asseyais sous la main courante et  je suivais avec assiduité le déroulement de la rencontre, et j’ai le souvenir d’un défenseur qui a dégagé son camp en aveugle, ce qui a eu pour effet de m’envoyer le ballon en pleine figure et de me mettre KO. Cet accident eu un effet bénéfique plus tard dans ma carrière de défenseur en Pro, je m’efforçais toujours de faire une relance propre et de ne pas renvoyer le ballon dans les tribunes. Autre souvenir : ma première séance de cinéma à Aytré ‘’ Les Chevaliers du ciel’’ film d’actions de guerre par de parachutistes où les bons l’emportent sur le méchants, normal dans notre société encore judéo – chrétienne ! Un gros regret : Il y avait une fête organisée sur la plage d’Aytré et un combat de boxe d’enfants devait avoir lieu et je devais y participer, le mauvais temps ne le permit pas et j’en fus très triste. J’ai toujours adoré ce sport viril, qui demande beaucoup de courage, d’adresse, de stratégie, de vivacité, et surtout beaucoup de fairplay, après un rude combat, je trouve émouvant de voir ces deux combattants se donner l’accolade et d’être amis.

Un moment douloureux dû aux mauvaises conditions sanitaires de notre logement : nous prenions notre bain dans la pièce à vivre et Maman avait mis une bassine d’eau bouillante pour prendre notre bain et avant qu’elle ait eu le temps de mettre de l’eau froide, mon frère Franck qui devait avoir deux ou trois ans tombe  malencontreusement dedans. Brulé au 3e degré, il est resté entre la vie et la mort quelques semaines et grâce à Dieu ou à la chance il s’en est sorti.

Pour terminer le tableau, Maman retombe enceinte de cette fois le petit dernier Gilles, ce qui donna deux choses positives. La Première est que nous aimons tous notre Gillou et la seconde çà a permis d’obtenir un logement HLM à La Rochelle plus précisément à Saint Maurice prés du fameux terrain de football qui m’avait fait voir trente six chandelles. Nous déménageons en 1949, ce n’est pas les grands ensembles comme actuellement  mais de petites maisons, avec trois chambres : Une pour mes quatre sœurs, une pour les trois garçons et une pour les parents et une pièce à vivre de 16m2 pour 9 personnes, une petite cuisine et salle de bain. Ma sœur aînée Nicole y habite toujours.

Une nouvelle vie commençait. J’allais à l’école du quartier, mes parents n’avaient pas plus de moyens qu’auparavant. Lorsque nous allions faire les courses nous avions un carnet de crédit  et Maman réglait l’épicerie en fin de mois et quelquefois le salaire du Père ne suffisait pas, ce qui mettait Maman en larmes. C’est vraiment à St Maurice, dans la rue et sur la place  que mon apprentissage de football commence, bien sûr au détriment de l’école car pour aller le plus rapidement possible retrouver mes copains de jeu, il n’était pas question d’apprendre ses leçons où faire ses devoirs. Maman me demandait bien si je les avais fait mais je répondais toujours par l’affirmative, mais comme elle était toujours débordée par ses conditions de travail pour neuf personnes, sans machine à laver le linge, la vaisselle, etc….et un enfant en bas âge, elle n’avait pas le temps de vérifier. Le Samedi nous donnions nos affaires de la semaine pour qu’elle  puisse les laver afin de les avoir propres pour le Lundi. Nous avions les affaires de la semaine et celles du dimanche.

J’échappais donc sans problème à la corvée des devoirs. Evidemment les résultats scolaires étaient catastrophiques et mes parents prirent la décision de me mettre à l’école Notre Dame à La Rochelle, qui était située à environ 3 Kilomètres de St Maurice. Les résultats ne furent pas meilleurs la première année, par contre j’améliorais ma condition physique. J’avais une carte de transport de bus me donnant le droit à deux voyages par jour, les deux autres je les faisais en courant pour m’entrainer. Les jeudis il n’était pas question que j’aille à l’école de Foot, Maman s’y opposait, il fallait que je sois Louveteau, puis plus tard scout. Un jour j’ai décidé de braver l’interdiction d’aller au foot et je sortais de la maison en scout et je mettais foulard, chapeau etc … dans le sac à dos et j’allais à l’école  de foot seule école où j’avais des aptitudes et mon père qui avait repéré mon manège se fit complice de ma supercherie. Maman finit par accepter ma passion pour ce jeu et devint plus tard une de mes supportrices acharnées, elle ne manquait pas un match. J'étais fou de foot, je vous ai parlé de la boxe mais j'adorais également le vélo et lorsque je pouvais subtiliser le vélo de Maman je faisais des courses de quartier entre copains. Lors de l'arrivée du tour de France au vélodrome ce devait être en 1949....je me rappelle de Fausto Copi, aprés cette étape je suis parti avec le vélo de Maman à Luçon et je suis rentré le soir dans la pénombre de fin de journée complétement carbonisé et je vous dit pas l'avoinée que j'ai reçue et au lit sans manger mais devant tant d'injustices et la non - reconnaissances de l'effort réalisé, j'ai sauté par la fenêtre du 1e étage là où se situait la chambre des garçons et j'ai éré dans les rues comme une âme en peine et vers minuit je suis rentré tout penaud et mes parents m'attendaient mort d'inquiétude . C'était déjà l'aventure !
Ma seconde année à Notre Dame changea du tout au tout, avec le changement de Maître le Frère César qui était soit dit en passant un précurseur de l’abolition de la peine de mort  dans les années 1952 soit 29 ans avant Miterrand (9 octobre 1981). Il se mit dans la tête de me faire  travailler pour quelles raisons ? Par amitiés peut être  et qui aime bien châtie bien, il employa pour cela des méthodes barbares. Dés que je ne savais pas une leçon ou je ne faisais pas un devoir je restais renfermé dans la classe entre midi et deux heures et à la reprise on m’amenait un verre d’eau et un morceau de pain, bien sûr avec l’accord des parents. Le résultat fut que des dernières places j’étais remonté en tête de classe. Les années suivantes je les fis en roue libre, bien sûr j’ai eu mon certificat, j’ai réussi mon concours d’entrée en quatrième du collège Technique. Cette anecdote m’a permis de me rendre compte que dés qu’on travaille un peu qu’on fait des efforts ou dans le sport qu’on s’entraîne sérieusement, il y a toujours des résultats.  Cette description de notre vie familiale à l’air très dur mais il y avait beaucoup d’amour entre nous et nous avions une Maman formidable ! Pour rien au monde je n’aurais changé ma vie. Puis dans les années 1955 notre situation économique évolua, ma sœur Nicole se marie, Monique et Jacqueline travaillent. Mon Grand Père mourut et Maman hérita de son Papa ce qui permit à Franck et Gilles de passer une jeunesse plus confortable.
Pour revenir au Foot : ma première licence à l’Entente Sportive Rochelaise je l’ai eue en minimes, mes premières chaussures à bout dur avec les crampons cloutés je les avais achetés d’occasion 5 francs (les anciens de 1952) lorsque nous jouions sur les terrains secs les pointes des crampons nous rentraient dans la plante des pieds, mais malgré tout nous remportions des victoires fleuves, je me souviens d’un 16 à 0 contre Aytré et j’avais dû marquer 9 ou 10 buts. En minime 2e Année je jouais avec les cadets et en cadet 1e année je jouais avec les juniors et nous avons été en 8e de Finale contre Angers après avoir battu le FC Nantes au tour précédent  avec pour capitaine Jean Claude Chaumeton mon Ami de 55 ans et Bridgeur émérite. Puis en cadet 2e Année je jouais en Promotion d’honneur surtout par manque d’effectif mais ce qui m’a permis de me frotter aux adultes. Par contre la déception était là, non sélection en cadets de la Charente Maritime.
Parallèlement j'était un supporter de ma soeur Monique qui jouait au basket à  Rupella en National et souvent j'allais à la salle de l'ancien Ancan qui est maintenant la maison de la culture( c'est là que j'ai commencé à entendre parler de Jacques Cailleteau avec qui je roule avec les Randonneurs Rochelais) .Yannick Stéphan qui était la vedette local avant de devenir une vedette Nationale, elle venait voir Monique à la maison et j'en était un peu amoureux mais là je faisait déjà une erreur de jugement car son but était certainement de séduire Monique ! Qui je vous rassure n’y était pas sensible !
Sur le plan des études ce n’était toujours pas brillant et après une année au collège technique, je suis parti au centre d’apprentissage des Chantiers Navals de La Rochelle – Pallice et je passais mon CAP de tourneur sur métaux, rien d’emballant pour l’avenir ; enfin il faut bien des manuels pour l’industrie on ne peut pas être tous dans le secteur tertiaire. Puis j’ai travaillé aux chantiers navals à La Pallice 18 mois.
Ma première année Juniors arrivée de Paul Jurilli et remontée en Promotion d’honneur. Seconde Année Juniors montée en division d’honneur et quart de finale de la coupe Gambardella, et comme récompense voyage à Paris, finale de la coupe de France à
Colomb Sochaux – Le Havre gagné par Le Havre club en seconde division et soirée mémorable au Bobineau pour voir une revue et nous nous sommes retrouvés sur scène pour danser le French cancan. Super souvenir à 18 ans.                                                                                   L’année suivante en Division d’honneur et Paul Jurilli nous envoie à un stage avec Gilles Barreau au Racing club de Paris, sans résultat positif, avec nous à ce stage Carnus futur gardien de St Etienne et de l’équipe de France également recalé. Mais les exemples de recalage sont nombreux les derniers en date Ribéry recalé par plusieurs clubs, Valbuena recalé par les Girondins, même Platini fut recalé, etc….Mais le positif de l’histoire, nous avons cotoyé Ujlaki, Cisowky, Grillet, Bollini, Pillard etc… vedettes de l’époque, on apprend toujours au contact de ces joueurs même sur une courte période. La Saison 1959-60 fut une année de réussite, toujours en division d’honneur, Stage à Limoges qui joue en Première division avec les Remetter, Sauvage, Hatchi, Cornuel, etc…, un matin du mois de Mai, j’étais sur mon tour en train de travailler et je vois débarquer Monsieur Dubreuil directeur sportif du Limoges FC qui me dit « ramasse tes affaires et tu viens avec moi à Limoges » , j’ai cru que le ciel me tombait sur la tête, je serais parti à genou jouer en professionnel et gratuitement en plus. Un peu plus tard demande de Lens et  St Etienne, mais Limoges jouant la tête de la 1e Division et ayant
ma copine à La Rochelle, je préfère ne pas trop m’éloigner de la région. Sélection départementale, sélection du Centre Ouest alors qu’en Cadet je n’avais jamais été retenu. En fin de saison je fais des matches amicaux avec l’équipe pro du Limoges FC dont un à
Philippeville en Algérie contre une équipe Espagnole. Premier choc dans ce Pays en guerre à laquelle je participerai quelques mois plus tard.


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